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Blessures de Guerre

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7 novembre 2008

Epilogue

Et demain?

Demain peut-être, à notre tour,

en transmettant l'Essentiel,

c'est-à-dire, en prolongeant la Mémoire,

sans avoir, nous-mêmes, ni vu ni vraiment compris,

pourrons-nous contribuer à faire que se referment,

tout doucement, sans violence, mais sans oubli,

par delà les générations,

les incommensurables blessures

que la Guerre avait infligées à ces Femmes...

devant_Souchez__Artois

Photo: Internet - "Devant Souchez, Artois".

Transcrit par Louis CAZAUBON - Fontenay le Comte, le 12 Août 2008

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6 novembre 2008

Le lourd fardeau des Survivantes

Les Femmes de la famille avaient survécu à ces huit années meurtrières. Elles étaient seules, désormais.

 

Survivantes, certes, mais blessées à jamais.

 

Et leurs blessures devenaient bien lourdes à porter...

 

Tellement lourdes qu'il leur faudrait les partager avec les nouvelles générations.

 

Aujourd'hui, à l'heure où les traces de la tragédie s'estompent lentement, inexorablement, ...

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Clocher de Mont-Saint Eloi, en Artois: photographié en Février 1916 par Henri Baudiment, et en Avril 2006 par Louis Cazaubon.

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Eglise de Bouvigny, en Artois: photographiée en Janvier 1916 par Henri Baudiment, et en Avril 2006 par Louis Cazaubon.

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Eglise de Villers au Bois, en Artois: photographiée en Février 1916 par Henri Baudiment, et en Avril 2006 par Louis Cazaubon.

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La Brasserie Haÿ de Loos-en-Gohelle, en Artois: photographiée en Octobre 1915 par Henri Baudiment, et en Avril 2006 par Louis Cazaubon.

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Mairie de Bouvigny, en Artois: photographiée en Janvier 1916 par Henri Baudiment, et en Avril 2006 par Louis Cazaubon.

... où peu nombreux sont ceux qui viennent relire les noms gravés au marbre de l'ancienne Mairie de Châteauroux, devenue Ecole de Musique, ...

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Châteauroux - 1999: Les marbres de l'escalier d'honneur de l'ancienne Mairie - Photographie: Louis Cazaubon.

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Châteauroux - 1999: L'ancienne Mairie devenue Ecole de Musique - Photographie: Louis Cazaubon.

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Châteauroux, carte postale du début du 20ème Siècle: Place de l'Hôtel de Ville.

... la Mémoire demeure, intacte, précise, non par les détails, mais par l'Essentiel, telle qu'elle nous a été transmise par celles qui ont pleuré sans avoir vu, et qui ont, à leur tour disparu sans vraiment comprendre.

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Photo de famille à Alger, vers 1960 - De gauche à droite: Charlotte, Augustine, Euphrasie.

Car est-il vraiment besoin de voir et de comprendre pour se souvenir et pour transmettre?

 

Le prix à payer, pour Angèle, revenue finir ses jours en Algérie, terre natale de son mari, était-il celui de cette sépulture abandonnée dans un cimetière en friche?

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Hussein Dey, 28 Mai 2007: l'état actuel de la tombe d'Angèle Baudiment - Photo aimablement transmise par Monsieur Rashid Hadrou.

5 novembre 2008

28 Janvier 1922: la mort de Jean-Baptiste, de la Grippe Espagnole

Après avoir survécu courageusement à ses blessures, mais affaibli par elles, Jean-Baptiste fut emporté le 28 Janvier 1922, par un fléau encore plus meurtrier que ne l'avait pourtant été cette "Grande Guerre": la Grippe Espagnole (il fut finalement déclaré Mort pour la France, par une décision ministérielle de 1945).

 

Son père Boniface, miné par le chargin, avait lui-même succombé au virus, deux semaines avant le dernier survivant de ses fils.

4 novembre 2008

Le deuil familial

Et ce fut le deuil, long, lourd à porter, pour les parents, pour le frère, pour les soeurs. Deuil familial que n'avait pas su interrompre le son du clairon de l'Armistice de Novembre 1918.

1920_01

Photo de famille, printemps 1916, à Alger

De gauche à droite: Fernand, Euphrasie tenant sa fille Yvette dans ses bras; dans l'arbre: Marc (en blanc, futur polytechnicien) et le cousin Robert Merle (futur Prix Goncourt) ; sous l'arbre: Jean-Baptiste et Henriette à son bras; dans le fond: Marie-Anne; Eugénie Merle (mère de Robert); Françoise Ollagné, soeur aînée de Marie-Anne et mère d'Eugénie ; Boniface, avec son brassard noir.

"[...] Jeunes beautés qu'à l'hiver le ciel donne,
Comme au printemps il a donné les fleurs.
De vos plaisirs, effeuillez la couronne.
Dansez gaiement grâce à vos défenseurs.
Mais si soudain survient dans une fête,
Un vieux chacal au front cicatrisé,
Qu'un doux sourire acquittant votre dette,
Lui paye, enfants, le sang qu'il a versé [...]."

[Marche du 1er Zouave]

3 novembre 2008

La fin de la Guerre, pour Jean-Baptiste

En raison de son état de santé, Jean-Baptiste ne retourna jamais au combat.

1918

Prise d'armes au 1er Régiment de Zouaves, au Champ de Manoeuvres, à Alger, début 1915: Jean-Baptiste Baudiment porte le drapeau.

Par décision du Général Commandant la Division d'Alger, en date du 23 Décembre 1917, il fut détaché à l'Etat-Major des Troupes Françaises de l'Afrique du Nord, pour emploi à l'Inspection Régionale des Sursis d'Alger.

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2 novembre 2008

22 Avril 1916: le mariage de Jean-Baptiste, à Alger

Pratiquement au même instant, ce même Samedi 22 Avril 1916, Jean-Baptiste avait épousé Henriette Dupuy de la Grand'Rive, à Alger...

1 novembre 2008

22 Avril 1916: la mort de Henri, à Verdun

Car il y eut Verdun...

Le_lieutenant_Baudiment

Mars 1916: Photo de Henri Baudiment, Lieutenant à titre temporaire, en tenue de sortie.

Sur la Rive Gauche de la Meuse, le 90ème R.I. prit part à partir du 21 Avril aux très intenses combats de la "Bataille aux Ailes".

Le 22 Avril (Samedi Saint), le 1er Bataillon tenait la tranchée du Crochet, sur la droite du Régiment, où il était en liaison, au fond du Ravin de la Hayette, avec le 161ème qui défendait les pentes occidentales du Mort-Homme.

Les pertes étaient très lourdes.

2010_11_11_Le_Crocheta

[Extrait de "Les Combats de la Cote 304 en mai 1916", par le Capitaine Laxagne, Revue Militaire Française]

Henri fut fauché par une rafale de 88 autrichien, en commandant le feu de ses hommes, sur le front, face à l'offensive des fantassins allemands, qui avait débuté à 16h15.

L'attaque fut stoppée à 200 mètres des "fils de fer".


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Vue panoramique, depuis la Cote 310: à gauche, la Cote 304; au centre, le Ravin de la Hayette; à droite, le Mort-Homme.

Le Commandant Bréant appartenait à l'Etat-Major du 90ème R.I. Dans son livre "De l'Alsace à la Somme", ce témoin de premier rang nous raconte:

"...Sur nos lignes, les obus continuent d'éclater. A Sept heures, une accalmie se produit. On nous apporte la nouvelle de la mort de deux officiers [...]. Les Allemands ont attaqué par vagues, et ont été arrêtés par notre fusillade, et par un barrage bien réglé.

Le Colonel attend d'autres renseignements. Ils nous parviennent. Le Capitaine B[audiment] est tué, cinq lieutenants sont blessés. Dans la troupe, 150 blessés, 80 tués et des disparus.

[...] Le Capitaine B[audiment] a eu la tête emportée par un obus, au moment de l'attaque, alors qu'il commandait: "Feu à volonté!" [...]."

[Extrait de "De l'Alsace à la Somme", du Commandant Pierre Bréant]


Capitaine___titre_temporaire

Avril 1916: Dernière photo de Henri Baudiment, Capitaine à titre temporaire, en tenue de sortie.

Henri fut cité à l'ordre de l'Armée:

"Officier d'une bravoure à toute épreuve, se dépensant sans compter pour ses hommes, à qui il avait su communiquer son entrain et son mépris de la mort, est glorieusement tombé, le 22 Avril 1916 au cours d'une attaque que l'ennemi prononçait sur le front de sa Compagnie".

Il venait d'être nommé Capitaine à Titre temporaire, en date du 30 Mars 1916.

Henri fut enterré dès le lendemain, dimanche 23 avril, jour de Pâques, dans le cimetière communal de Jubécourt.

Il y demeura inhumé jusqu'au 27 janvier 1931, date à laquelle son corps fut transféré à la Nécropole Nationale de Ville sur Cousances (tombe n° 948), où il repose aujourd'hui.

Ville_sur_Cousancesa

Carte postale: source Augustin Simon (avec mes remerciements)

31 octobre 2008

1er Février 1916: la dernière lettre de Henri

Puis, ce fut la dernière lettre, écrite sur papier deuil et datée du 1er Février 1916, trois semaines à peine avant l'offensive allemande sur Verdun:

"... J'ai le plaisir de vous annoncer que cette future permission vous sera réservée. Nous prenons déjà avec Angèle, nos dispositions, et je veux aller vous trouver sans faute en Avril prochain. Ce sera une grande joie pour tous, et comme me disait Angèle, dernièrement, je ne serai plus libre de moi-même. C'est une permission spécialement pour vous. Que d'histoires! Et mon sac est plein d'épisodes de batailles. Je suis un vieux dur à cuire, maintenant, et on me donne comme sobriquet: le "Pachyderme" [...] Toujours en excellente santé, j'ose espérer que cette veine durera jusqu'à ma prochaine permission, et nous fêterons ensemble ce retour désiré. Je termine en vous envoyant mes meilleurs baisers.

Votre fils et frère,

Henri."

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[Dernière lettre de Henri Baudiment à ses parents, datée du 1er Février 1916].

 

 

30 octobre 2008

Hiver 1915-1916: l'omniprésence d'Angèle, son épouse, dans les lettres de Henri

Henri donnait fréquemment des nouvelles d'Angèle, son épouse, qu'il essayait de retrouver aussi souvent que possible:

"...Depuis deux jours, je suis avec Angèle, à 20 kilomètres des Boches. Ceci va vous étonner, mais pourtant c'est exact, avec de l'audace et de la persévérance, on arrive à tout braver..."

[Lettre du 7 Avril 1915]

"... Après avoir quitté Angèle, le 5 Mai, le 9 et le 10 du mois, nous livrions une bataille énergique sur Loos [...]"

[Lettre du 26 Juillet 1915]

"... Le 3 Juillet, nous passions en réserve de la 10ème Armée aux environs de St-Pol (Fruges). Sachant que nous étions pour quinze jours au repos dans la troisième zone des Armées, je télégraphiais à Angèle de venir. Elle réussit, et dans une superbe villa où deux bons vieux me soignaient, j'ai pu passer 8 jours avec Angèle..."

[Lettre du 26 Juillet 1915]

"... Avec quel empressement, je mettrais les voiles avec Angèle pour aller passer une bonne période avec vous sous le soleil d'Alger, soleil qui manque souvent ici... Angèle se porte bien, et conserve toujours son espoir de nous retrouver tous..."

[Lettre du 11 Octobre 1915]

"... Il faut vous dire que je n'ai pas beaucoup de temps disponible dans Paris et il faut me pardonner. Angèle se porte bien, et depuis qu'elle m'a retrouvé, c'est la joie..."

[Lettre du 17 Janvier 1916]

29 octobre 2008

Hiver 1915-1916: les lettres de Henri, et ses attentions pour ses trois soeurs

Ses pensées allaient également très souvent à Charlotte...

Charlotte_vers_1914

Photo de famille: Charlotte vers 1914.

et à Augustine...:

Augustine_vers_1912

Photo de famille: Augustine vers 1912.

"... je ne puis écrire à tout le monde. Charlotte, Titine me demandent sans cesse des nouvelles. il faut se multiplier, je suis heureux de voir leur bon coeur. De temps en temps, j'ai un colis de leur part, galettes, cigarettes, etc... Il faut que je les remercie!"

[Lettre de Juin 1915]


"... Cette lettre qui intéressera surtout Baptiste, lui sera envoyée avec mission de la faire parvenir à Titine et Charlotte. Je viens de recevoir de leur part un petit colis de cigarettes. Je les remercie infiniment, et comme elles me demandent des récits détaillés, en voici encore à mon actif qui en vaut la peine..."

[Lettre du 11 Octobre 1915]


...ainsi qu'à Euphrasie, dont le mari Fernand était encore au front:

Euphrasie_et_Fernand_vers_1910

Photo de famille: Euphrasie et Fernand vers 1910.

"Cette pauvre Zézette n'a pas de nouvelle, aussi, mais elle va prendre connaissance de ma lettre et ces 8 pages sont pour vous tous [...]. J'ai perdu l'adresse de Fernand, je ne puis correspondre. Est-il en danger? Je ne le crois pas, vu son rôle de manipulateur."

[Lettre de Juin 1915]


"Je suis heureux d'apprendre que Fernand rentre dans ses foyers. Il n'a pas beaucoup souffert de la guerre, et dans le secteur où il se trouvait, c'est le coin des peinards. Voyez l'Artois. C'est la bataille nuit et jour."

[Lettre du 1er Février 1916]

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